La Sainteté personelle est prioritaire
La Sainteté Personnelle Est Prioritaire
Par A.W. Tozer
Source : La Sentinelle de Néhémie
Désirer un bonheur égoïste relève du même péché que tout autre désir dont les motifs sont égoïstes. Ce désir n'est point honorable à l'égard de Dieu car il a sa racine dans la chair. " Car l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas. " (Romains 8:7).
De plus en plus, les gens d'aujourd'hui justifient leurs mauvaises actions par le fait qu'ils ne cherchent qu'à être heureux. Avant de consentir au mariage, la jeune fille moderne ne se demande pas :" Est-ce qu'il peut me rendre heureuse? " Les rubriques sentimentales des journaux sont trempées par les larmes des gens qui s'apitoient sur eux-mêmes et se posent la question : " Comment préserver mon bonheur? " Les psychiatres s'engraissent grâce au nombre croissant de personnes qui cherchent de l'aide auprès des professionnels pour avancer dans leur quête interminable du bonheur. Il est assez courant de voir une personne commettre un crime contre une autre personne pour la seule raison qu'elle a empiété sur son bonheur.
C'est une philosophie hédoniste des anciens temps grecs, mal comprise et mal appliquée aujourd'hui. Bien qu'acceptée par les masses, cette philosophie mine tout ce qui est noble chez l'être humain et le transforme en pâte molle, qu'il en soit conscient ou pas. Que nous soyons nés pour être heureux est une idée que l'on ne remet même pas en question. On ne cherche même pas à prouver que l'homme, dans son état naturel, ait le moindre droit au bonheur, ni même que cela lui ferait du bien à long terme. La seule question qui se pose est: " Comment trouve-t-on le maximum de bonheur dans la vie? " La thèse courante des livres et pièces de théâtre repose sur la supposition que le bonheur personnel est le but incontestable de la lutte dramatique de l'humanité.
Je me propose d'affirmer que cette recherche romantique du bonheur est aussi mauvaise que la recherche frénétique de l'argent, du succès ou du prestige. Cela ressort d'un malentendu immense sur nous-mêmes et sur notre vraie condition morale. Personne se connaissant à fond ne peut vraiment croire qu'il ait le droit d'être heureux. Le fait qu'une personne ait une petite révélation sur l'état de son propre cœur suffit pour qu'elle se tourne contre elle-même et avoue que Dieu a raison de la condamner. La doctrine du droit incontestable de l'homme à être heureux est anti-Dieu et anti-Christ et le fait qu'elle soit si largement acceptée révèle l'état moral de cette société qui y croit.
On ressent aussi l'effet de cet hédonisme moderne même chez le peuple de Dieu. Trop souvent, on présente l'Evangile comme un moyen de trouver le bonheur, la tranquillité d'esprit ou la sécurité. Il existe même des gens qui lisent la Bible comme un moyen de se détendre, comme si c'était un calmant.
Il suffit de lire une fois le Nouveau Testament dans la méditation pour que l'erreur dans cette notion soit évidente à nos yeux. Là, l'emphase n'est pas placée pas sur le bonheur mais sur la sainteté. Dieu se préoccupe plus de l'état des cœurs des gens que de celui de leurs émotions. Il est évident que le fait de se trouver dans la volonté de Dieu apporte à la longue beaucoup de bonheur pour ceux qui obéissent, mais le plus important n'est pas que l'on soit heureux, mais plutôt que l'on soit saint! Le soldat ne cherche pas à être heureux, mais à se retrouver sur le champs de bataille afin de gagner la guerre et de rentrer au sein de sa famille. Là, il peut profiter de tous les plaisirs. Mais tant que la guerre est en cours, son objectif le plus pressant est d'être un bon soldat et de se comporter comme un homme devrait quelque soient ses émotions.
La recherche enfantine du bonheur peut représenter un grand empêchement. On peut facilement se tromper en cultivant une joie religieuse sans la vie religieuse correspondante. Dans l'absence de la sainteté, aucun homme ne doit s'attendre à être heureux. Il doit passer son temps à chercher, savoir et faire la volonté de Dieu en laissant à Christ le soin de décider dans quelle mesure il sera heureux. J'ai une suggestion pour ceux qui prennent la chose au sérieux. Mets-toi d'accord avec Dieu. Dis-lui que tu veux la sainteté avant tout et que tu ne désireras jamais plus de bonheur que de sainteté. Que, quand ta sainteté se ternit, ta joie s'estompe. Et demande-Lui de t'amener à la sainteté, que cela te rende joyeux ou non. Aie confiance qu'à la fin, ton bonheur sera aussi grand que ta sainteté; mais, en attendant, que ta seule ambition soit de servir Dieu et de ressembler à Christ. Si nous décidons de nous engager sur ce chemin, nous connaîtrons un nouveau degré de purification intérieure, et Dieu étant ce qu'Il est, nous connaîtrons par la même occasion un bonheur plus profond, mais un bonheur provenant d'une plus grande intimité avec Dieu, un bonheur supérieur, un bonheur qui ne sera pas égoïste mais qui se vivra libre des attirances charnelles imposées par la chair.