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Le baptême dans le Saint-Esprit

LE BAPTÊME DANS LE SAINT-ESPRIT

Source:Regard eu

En publiant ce témoignage de mon baptême dans le Saint-Esprit, je réponds au désir d'un grand nombre de chrétiens. Cependant, d'autres raisons encore me poussent à le publier :

Tout d'abord : convaincre les opposants et les victimes de préjugés de la possibilité et de la réalité d'une telle expérience.
Puis, montrer à ceux qui croient à ce baptême et le désirent combien il est profond et puissant quand il est reçu dans des conditions idéales, sans résistances, sans préoccupations extérieures qui le diminueraient et, enfin, sans pression étrangère.

On rencontre beaucoup de chrétiens qui confessent que leur baptême du Saint-Esprit n'a pas représenté pour eux la bénédiction radicale qu'ils en attendaient, que l'expérience n'a été ni durable, ni pleinement satisfaisante. Nous demandons donc à ces amis de bien vouloir considérer le présent témoignage dans ses détails, de manière à découvrir dans quel domaine ils ont négligé de laisser la place à Dieu (
2 Cor. 3/17). La Colombe divine est extrêmement sensible : elle ne force personne et ne s'introduit pas où elle n'est pas entièrement bienvenue.

Si l'on veut obtenir les plus grands bénéfices ainsi que des résultats permanents, il faut être prêt à sacrifier tout autre intérêt ou préoccupation. Il ne faut pas que le coeur soit divisé, mais qu'il reste fixé sur Jésus, afin que l'effusion du Saint-Esprit puisse progresser et gagner journellement en intensité. C'est alors que les choses de Dieu peuvent être révélées, dans une marche intime et ininterrompue avec Lui, et que celui qui les reçoit peut être conduit et gouverné par l'Esprit.
Puisse ce témoignage amener ceux qui s'opposent à l'expérience décrite au début du livre des Actes, à réformer leur opinion, en débarrasser d'autres de leurs préjugés et, enfin, donner à plusieurs la soif de recevoir ce baptême. Alors ce récit n'aura pas été écrit en vain.

L'expérience relatée dans les pages qui suivent est celle d'un jeune homme de quinze ans. Certaines conclusions, que j'y ai ajoutées, sont de l'homme mûr et du serviteur de Dieu.
La première femme qui reçut le baptême du Saint-Esprit à Londres, et peut-être en Angleterre, fut Mme Catherine Price ; elle devint à bien des égards ma mère spirituelle au cours de la période difficile et remplie d'épreuves de mes études, je l'ai priée d'écrire l'introduction à ce récit.

William BOOTH-CLIBBORN.

INTRODUCTION

C'est à la fois un plaisir et un privilège que d'écrire une introduction à ce petit livre. Il reflète la vie de quelqu'un qui a connu la simplicité divine et consenti à un abandon total de son coeur au Seigneur, La joie de cette réalité se communique à tous ceux qui entrent en contact avec notre frère.
Nous l'avons connu il y a une vingtaine d'années. C'était alors un garçon de quinze ans dans toute l'acception du terme, plein de malice, mais non moins rempli du désir de plaire à son Sauveur. La bataille fut dure à l'école. Il fut persécuté pour avoir tenu des réunions de prière dans sa chambre et pour avoir essayé de gagner ses camarades à Christ ; cependant, par la grâce de Dieu, il tint bon.

Ce fut un grand bonheur pour nous de le rencontrer plus tard et de trouver en lui, un ambassadeur du Seigneur, chargé d'un message assez puissant pour mettre en liberté les captifs et changer le deuil en joie ; un bonheur aussi de le voir vivre une vie sanctifiée, pleine de simplicité, d'un grand amour pour tous et du désir brûlant d'amener toutes les âmes à la connaissance personnelle de Jésus-Christ.

Le parler en langues, selon que l'Esprit donne de s'exprimer, est bien souvent mal compris et sous-estimé par les enfants de Dieu, car ils n'en ont jamais saisi le sens en rapport avec le véritable esprit d'adoration et de louange. Oui, il existe une communion avec le coeur du Père et une pénétration des mystères divins qui illuminent et édifient l'enfant de Dieu (
1 Cor. 14/4).

Que ceux qui n'ont pas encore connu cette union bénie avec le Seigneur s'abandonnent entièrement à Lui afin qu'Il puisse les posséder complètement. Et que ceux qui ont critiqué de telles expériences comprennent qu'elles sont bien réelles.

Enfin, que Dieu bénisse richement ce témoignage et s'en serve, dans Sa grâce, pour approfondir la communion entre le Sauveur et Ses rachetés.

C. S. PRICE
113 Shirley Way Shirley,
Croydon (Surrey) Angleterre
26 août 1929.


CHAPITRE I
LE MOMENT DE DIEU
 

Il y a plus de 40 ans que, le 28 novembre 1908, à la fin d'une réunion tenue chez des particuliers à Plumstead, un faubourg de Londres, je reçus le BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT. Et cet événement est aussi frais dans ma mémoire que s'il s'était produit hier soir.

Cette merveilleuse descente de l'Esprit de Dieu dans mon corps, mon âme et mon esprit demeure l'expérience la plus importante, miraculeuse et révolutionnaire de toute ma vie chrétienne. Les paroles humaines sont absolument impuissantes à décrire ce don ineffable, l'avalanche d'onctions successives qui se déversa sur moi et en moi le jour glorieux où Dieu me scella de son sceau. Les mots employés pour tenter de décrire cette expérience peuvent paraître exagérés et, cependant, le langage le plus riche n'est qu'un moyen bien imparfait pour exprimer une chose aussi sacrée et aussi délirante à la fois.

Nous éprouvons quelque difficulté à parler de nos expériences les plus intimes. Une certaine retenue enveloppe les grands événements de notre vie, tels que la naissance, le mariage, la mort. Et il faut être doublement réservé et déférent dans la description des choses spirituelles les plus profondes. Car les incrédules, les impies nous guettent, tels des corbeaux lassés de cadavres et avides de chair fraîche. Et il est bien triste de constater que les chrétiens eux-mêmes, aveuglés par des préjugés et des traditions, sont parfois terriblement critiques et jugent faussement ce qui les dépasse. C'est pourquoi j'éprouve une certaine réticence à raconter mon histoire. Cependant, je ne puis m'empêcher de dire ce que j'ai vu et entendu, sachant qu'un grand nombre en seront encouragés et bénis.

El Bethel.
Combien de fois ne retourné-je pas en esprit, comme Jacob, vers cette petite maison de Plumstead qui se trouva être pour moi la maison de Dieu, la porte du ciel, un véritable « El Bethel » ! C'est là que fut déversé sur moi tout ce qu'un être humain peut supporter de ciel à la fois. Mon baptême fut une puissante immersion dans l'Esprit et la Puissance de Dieu, dans les profondeurs insondables de l'Amour divin. Chaque fois que je l'évoque, je sens à nouveau cette atmosphère céleste qui me jeta dans l'adoration et l'émerveillement tandis que, enveloppé d'une gloire indescriptible, je fus admis en la terrible présence de Dieu.

Pendant plusieurs jours, je fus sous l'effet salutaire et purifiant de cette onction surabondante et continue qui me rendit incapable de toute autre occupation. Je ne cessais de prier et de me réjouir. J'étais ébloui par la lumière qui enveloppait mon être. L'onction qui reposait sur moi était telle que je ne pouvais rien faire qu'adorer : tout ce que je souhaitais était de me tenir aux pieds du Seigneur. Le « poids de gloire » pesait sur moi nuit et jour. Tout mon être était si captivé par la seule occupation de louer Dieu que les effets de cette expérience me furent des plus salutaires et durent encore. Mes nombreux intérêts de jeune homme avaient comme fondu.
Depuis cette soirée merveilleuse j'ai parcouru le monde et beaucoup travaillé pour l'Évangile ; Il faudrait des volumes pour raconter tout ce que Dieu a fait par la prédication de Sa Parole dans les nombreuses campagnes de réveil que j'ai conduites. Mais rien de tout cela ne peut se comparer à la merveilleuse satisfaction, au miracle indiscutable qui fut mon partage lorsque Dieu me donna son Saint-Esprit.
Tout ce que j'ai vu depuis n'a fait qu'éclairer ma vision et confirmer la gloire qui avait éclaté dans mon âme ravie. Et jamais je n'ai douté que cela fût de Dieu et de Dieu seul.

Le sacrifice indispensable.
Pour tout privilège, pour toute expérience spirituelle, il y a un prix à payer. Et bien souvent nous devons beaucoup à ceux qui nous ont précédés. Pour moi, j'ai envers mes parents une dette incalculable.
Parce que mon père et ma mère désiraient tous deux marcher avec Dieu dans la pleine lumière de Sa Parole, ils durent quitter l'Armée du Salut en 1908. C'était eux qui l'avaient fondée et dirigée en France et en Suisse. Le but du présent ouvrage n'est pas d'exposer les raisons qui les amenèrent à une si douloureuse décision. Ils avaient voué seize de leurs meilleures années à cette oeuvre dans ces deux pays et elle leur était extrêmement chère. Des milliers avaient été convertis par leur moyen. Cette pénible séparation se produisit tandis qu'ils exerçaient leur ministère en Hollande. Ce fut un coup terrible pour mon grand-père, le général William Booth, fondateur de l'Armée du Salut, qui considérait ma mère, sa fille aînée, comme le meilleur prédicateur parmi ses enfants. Mais j'ai la conviction — confirmée bien des fois par la suite — que si mes chers parents n'avaient fait ce pas, pour des questions de conscience, jamais notre famille tout entière n'eût expérimenté une véritable Pentecôte, comme ce fut le cas. En effet, ils voulaient pouvoir prêcher librement des vérités telles que la guérison divine, le retour de Christ. D'autre part, ils ne pouvaient admettre que des officiers de l'Armée du Salut s'engagent volontairement dans la guerre des Boers.

Au temps où l'Esprit de Dieu allait se répandre sur le monde entier, les Booth-Clibborn et leurs dix enfants y étaient préparés. Nous étions indépendants, libres de tout préjugé sectaire et n'appartenant à aucun organisme chrétien particulier. Ma mère exerçait avec des résultats magnifiques son ministère dans beaucoup d'églises qui se réveillaient. Mon père restait à la maison, se consacrant à l'étude et à la recherche bibliques. Par elles, il était arrivé à la conclusion que dans les derniers temps Dieu enverrait un grand réveil qui rétablirait les dons de l'Esprit dans l'église et il prévoyait que la principale caractéristique en serait le baptême dans le Saint-Esprit, tel qu'il se produisit le jour de la Pentecôte (Actes 2/4). Il parlait souvent de cette bénédiction imminente et en observait les indices dans le monde chrétien, priant de tout son coeur pour une prochaine réalisation.
Le réveil éclata chez nous au bon moment, car nous devions bientôt être dispersés.

Le premier à le recevoir.
Cela ne venait par conséquent pas de moi si je fus le premier de la famille à faire la merveilleuse expérience de la pluie de l'arrière-saison. Bien que nous ayons rompu avec l'Armée du Salut, nous demeurions à l'avant-garde de la prédication de l'Évangile et le culte de famille n'était pas négligé. Plusieurs de ceux qui passaient chez nous contribuaient aussi à nous enrichir spirituellement, Dieu savait qu'avec mon caractère plein de vie et d'initiative j'étais destiné — une fois que, j'aurais reçu le baptême — à amener tous mes frères et soeurs à Le rechercher plus intensément. Comme cinquième enfant, je pouvais influencer aussi bien les aînés que les plus jeunes. Ayant été le plus difficile, le plus indiscipliné de la bande, je devais par mon changement soudain et radical convaincre mes frères et soeurs de la réalité de ce qui m'était arrivé et de leur propre besoin de faire une semblable expérience.
C'est par la foi que mes parents m'avaient donné le prénom de mon grand-père. Et je crois que son manteau est tombé sur moi comme celui d'Elie sur Élisée ; j'en ai eu plusieurs fois l'assurance et ma mère a reçu, à ce sujet, des prophéties qu'elle a gardées dans le secret de son coeur. Mais ici je voudrais insister sur quatre faits qui donnèrent à mon expérience un caractère saisissant et durable.
Mon âge. J'avais quinze ans ; or, c'est entre dix et vingt ans que l'on peut le mieux découvrir les choses de Dieu.
Il n'y eut pas de longue attente dans mon cas. J'obtins le baptême le soir où je le demandai, de sorte qu'au lieu d'une succession de bénédictions grandissantes, je reçus en une fois un torrent de puissance et de gloire.
Aucune pression ne fut exercée sur moi, comme c'est malheureusement souvent le cas de la part de chrétiens trop zélés ; ils retardent chez autrui cette expérience qu'ils cherchent à provoquer par tous les moyens.
Mon ardeur et mon avidité étaient telles que je ne m'arrêtai pas jusqu'à ce que je fusse entièrement saturé et satisfait.

La sagesse de mon père.
Enfin, ce qui contribua grandement à la profondeur et à la réalité de mon expérience fut le fait qu'on me retira momentanément de l'école. Je pus donc me livrer entièrement à la prière, à la supplication et à la lecture de la Bible qui éclairait mon coeur d'une lumière nouvelle. Nous nous rencontrions chaque soir pour prier longuement. Ainsi, l'Amour et la Puissance purificatrice de Dieu continuèrent à se déverser sur moi. Le Saint-Esprit pouvait me révéler librement les mystères de Christ, ce qui n'est possible que lorsqu'on s'est entièrement abandonné à Lui. L'oeuvre initiale s'approfondissait. J'apprenais à connaître ce que c'est que de marcher selon l'Esprit et de garder une conscience pure et claire. Le sens du péché se faisait plus aigu, ainsi que la faculté d'en fuir les attaques et de confesser immédiatement toute transgression ou désobéissance. Je fus bientôt accablé d'un fardeau au sujet de chacun des habitants de la maison. Je combattais en esprit avec larmes et gémissements jusqu'à ce que j'eusse l'assurance d'avoir été exaucé. Parfois j'étais écrasé et le fardeau semblait insupportable, mais je luttais jusqu'au bout et je commençais à apprendre ce que signifie prier par l'Esprit. Le discernement me fut donné, de sorte que la moindre tendance charnelle me faisait mal et me poussait à la prière silencieuse. Il y eut encore beaucoup d'autres manifestations qui n'étaient que l'expression de ce qui se passait dans les coeurs.
Quel rafraîchissement cette splendide visitation spirituelle fut pour nous !
Esaïe 28/10-12 s'accomplissait sous nos yeux : « Car il donne loi sur loi, règle sur règle, un peu ici, un peu là. Aussi c'est par des lèvres qui balbutient et par une langue étrangère qu'Il parlera à ce peuple. Il leur avait dit : C'EST ICI LE REPOS, QUE VOUS DONNIEZ DU REPOS A CELUI QUI EST ACCABLÉ. C'EST ICI LE SOULAGEMENT ».
Dans les vagues de bénédictions qui passaient sur nous, nous apprenions à ne plus lutter par nous-mêmes. En effet, quand nous cessons la lutte, le Saint-Esprit travaille, prie, implore et souffre à travers nous les douleurs de l'enfantement.
Quelle triste corvée que la vie chrétienne quand elle n'est pas portée, inspirée et stimulée par la puissance active de l'Esprit de Dieu en nous !

Dans le monde entier, les églises ont un immense et urgent besoin de renouveler leur foi, de réaffirmer le simple message du salut, de réveiller l'esprit de sacrifice. Et cela ne peut se faire sans une effusion du Saint-Esprit. L'Esprit qui baptise, qui rend la vie, qui évangélise peut répondre à tous les besoins, remédier à tous les manques, toutes les faiblesses. Mais il faut, au préalable, que nous fassions tomber les barrières des préjugés, de l'orgueil et de la présomption, et que nous implorions humblement une Pentecôte divine, afin qu'elle tombe sur nous d' En Haut, individuellement et collectivement.


CHAPITRE II
LE NOUVEAU RÉVEIL

Après des séjours prolongés sur le continent, notre famille avait fini par s'établir à Westcliff-on-Sea, à une cinquantaine de kilomètres de Londres.
Que de souvenirs heureux se pressent dans ma mémoire en repensant à cette époque ! Nous étions tous ensemble Evangéline, Victoria, Herbert, Augustin, William, Éric, Frieda, Evelyne, Théodore et Joséphine. Mon père, ma mère, les dix enfants, un ou deux secrétaires, la cuisinière, une gouvernante suisse et notre chère Adèle, notre seconde mère, nous étions en tout dix-sept, sans compter les fréquentes visites, car la maison était un centre d'activité évangélique.
Nous n'étions jamais à court de moyens pour inventer des jeux et des amusements de toutes sortes. Chacun avait son instrument et nous formions un orchestre. Puis c'étaient des charades, des jeux bibliques, des excursions, des parties de pêche, de canot, des courses à bicyclette — et, au milieu de tout cela, très peu de piété véritable, une foi plutôt déclinante. Comment en eût-il été autrement ? Avec toutes nos préoccupations, nos distractions, les intérêts toujours grandissants qui s'emparaient de nos esprits enthousiastes, quelle place restait-il pour Dieu ? Nous avions avancé dans cette voie ; allions-nous reculer ? Est-il possible de passer à côté des plus grandes bénédictions, et cela dans le plus heureux des foyers chrétiens ?

Travail scolaire absorbant.
Nous entrions dans la période difficile de l'adolescence. Je venais d'avoir quinze ans. Ce fut le, moment choisi par Dieu pour nous visiter, pour nous faire passer de l'indifférence spirituelle à une ascension rapide dans les régions de la gloire, pour transformer l'eau stagnante de notre état spirituel en un flot puissant et impétueux.
Un soir, alors que je faisais mes tâches, mon père vint à moi, visiblement ému. « William, dit-il, j'aimerais t'emmener ce soir à Londres, entendre des gens extraordinaires, récemment arrivés. Veux-tu venir ? » — « Mais, papa, je ne peux pas ; tu sais bien que je dois faire tout mon possible pour passer les examens difficiles qui s'approchent. J'ai déjà, échoué deux fois et je n'y arriverai que si je ne perds pas une minute. »
Le soir, à table, mon père parla de nouveau de ces réunions à Londres : « Nous ne serons absents que pour le week-end ; cela ne te gênera pas dans la préparation de tes examens. J'aimerais que tu viennes ; tu recevras une bénédiction. » L'idée de m'échapper pour quelques instants de mes livres d'étude m'était assez agréable, mais j'objectai, encore.
« Très bien, reprit mon père, j'en prends la responsabilité. » Je me déclarai alors prêt à partir.
Je n'ai jamais cessé depuis de louer Dieu pour cette décision. Mon père avait été le moyen de ma conversion ; il avait guidé mes premiers pas dans la vie chrétienne et maintenant il allait me pousser plus loin.

La prière dans le train.
Nous étions juste à temps pour attraper l'express de 6 h. 30. Mon père n'avait pas été très bien et, avec Adèle, nous l'aidâmes à gagner la gare. Pendant tout le trajet — quarante-cinq minutes — nous fûmes seuls dans notre compartiment. C'est alors qu'il me parla de mon état rétrograde. Tout ce qu'il disait m'allait au coeur. Il termina par ces mots : « William, ne veux-tu pas de nouveau abandonner ta vie à Dieu ? »
Je reconnus que j'avais oublié Dieu. À peine trois ans auparavant, tandis que mes parents étaient à Paris, je m'étais converti dans un internat de Folkestone. Quel miracle que cette nouvelle naissance ! J'avais été le garçon le plus difficile de toute l'école et, en un instant, j'étais devenu un véritable enfant de Dieu. J'avais donné mon coeur à Christ, une nuit, tout seul, en pyjama, à trois heures du matin, après une lutte prolongée. Le résultat avait été une vie pleine de joie et de bénédictions. Au milieu des dures persécutions infligées par mes camarades, j'avais connu l'appui et le réconfort divin, je marchais avec Dieu, surmontant tous les obstacles. Une communion ininterrompue dans la prière et une joie inexprimable avaient transformé ma vie comme jamais je ne l'aurais cru possible. Ma Bible ne me quittait plus et les victoires enregistrées me rendaient hardi pour rendre témoignage à mes camarades et à mes maîtres.
Mais maintenant, tout avait changé. Depuis plus d'un an déjà, la joie du salut s'était envolée de mon coeur ; le feu de l'amour divin avait baissé ; la soif pour les choses spirituelles avait disparu. Nous connaissons tous plus ou moins les symptômes de la marche arrière spirituelle. Mes souvenirs m'accusaient et me condamnaient.
Mon père me prit la main et se mit à prier pour que Dieu bénisse notre visite à Londres et me rétablisse. La présence de Dieu commençait à se faire sentir d'une manière très réelle dans ce train. La prière de mon père allait-elle être exaucée ?

Une nouvelle manière de chanter.
La salle de réunions de Mme Cantell, située dans un quartier de Londres, n'était pas grande. Elle contenait à peine deux cent cinquante personnes. Quand nous entrâmes, elle était pleine. Rien de prétentieux dans ce local : une petite estrade occupée par plusieurs personnes. Tout le monde chantait, debout ; la plupart avaient les yeux fermés et la main levée.
Ces gens étaient différents des autres chrétiens ! On sentait l'atmosphère chargée de l'Esprit de Dieu.
Les chants continuaient, dans un esprit d'abandon, de ferveur, de merveilleux élan, qui me rappelait le réveil du Pays de Galles. Un choeur répété plusieurs fois, avec toujours plus de conviction et d'unité, libérait l'auditoire et le stimulait dans l'adoration, comme c'est d'ailleurs le cas en général, car rien ne libère et n'unit comme le chant. L'atmosphère créée par un tel esprit de louanges est souvent plus convaincante et plus effective que la prédication elle-même. C'est un fait que la Parole pénètre mieux quand la note juste a été touchée dans l'adoration. Et le refrain chanté ce soir-là résonne encore en moi :
« Par le sang, le précieux Sang, Je reçois un coeur nouveau Par le précieux sang. »
Je réalisais que tous les yeux étaient tournés vers Jésus. Les gens étaient tellement transportés qu'ils en oubliaient leur entourage. Mais ce n'était pas mon cas. Je ne faisais pas un avec eux. Je connaissais le chant et la mélodie, cependant nous n'étions pas à l'unisson, je ne ressentais pas les mêmes émotions. Je ne pouvais pas me joindre à eux pour chanter :
« Gloire à jésus, gloire !
Gloire à l'Agneau mort pour moi !
je veux chanter Sa victoire,
Il a pris mes péchés sur la Croix. »

Le mystère du fardeau.
Inutile de dire que j'étais tous yeux et toutes oreilles. Tandis que les chants continuaient, je remarquai une dame en face de moi qui pleurait. Un peu plus tard, elle parlait en une langue étrange. Étonné, je fis signe à mon père, mais il n'y prit pas garde. Lorsque l'auditoire se fut rassis, une louange spontanée s'éleva de toutes les poitrines. Tous paraissaient si heureux et plusieurs rendaient témoignage de ce que Dieu faisait pour eux. Ce n'était pas nouveau pour moi, sinon qu'ils disaient avoir reçu le baptême du Saint-Esprit. On chanta encore. J'observais toujours la dame devant moi, cherchant à comprendre quelle langue elle parlait. Mon père connaissait huit langues et moi cinq et je pensais qu'à nous deux nous saisirions ce qu'elle disait. Je poussai mon père du coude, mais il me dit de rester tranquille. Maintenant elle était tombée à genoux, apparemment plongée dans une grande douleur, gémissant et priant dans cette langue étrange.
Je reconnus l'agonie dans laquelle j'avais été moi-même, lorsque, après ma conversion, je luttais avec Dieu pour mes camarades. Leur salut me tenait à coeur à tel point que parfois je me réveillais la nuit et criais pour eux au Seigneur. Il me vint tout à coup l'idée que, peut-être, cette femme priait pour moi. Dieu avait placé mon cas sur son coeur et elle portait mon fardeau dans l'Esprit !

Mais je ne pouvais comprendre pourquoi elle parlait cette langue extraordinaire. Mon père me chuchota : « Par l'Esprit et la Puissance de Dieu, elle emploie une langue qu'elle ne connaît pas. Ce sont là les « langues » dont parle l'Écriture. N'est-ce pas merveilleux que Dieu baptise à nouveau du Saint-Esprit, comme il le faisait dans l'église primitive ? »
Ensuite, derrière nous, un homme, qui avait chanté et ri dans l'Esprit, se mit aussi à parler une langue inconnue. Puis il y eut un silence. Quelqu'un d'autre se leva et interpréta en anglais son message ; chaque mot sondait mon coeur et me remplissait de dépit et de honte. Je me trouvais face à face avec Dieu et mon péché. Pendant des mois après ma conversion j'avais vécu une vie victorieuse du péché, guidé par l'Esprit de Dieu, conscient d'être porté par les Bras divins. Mais maintenant, je ne connaissais plus cette assurance.
Savez-vous qu'une fois qu'une âme a goûté de cette vie, tout le reste perd sa saveur ? Et si cette âme retombe, quels ne sont pas les souvenirs qui se pressent en elle jusqu'à la suffoquer lorsqu'elle pénètre dans un milieu où le Saint-Esprit parle ! (
1 Cor. 14/24-25).
CHAPITRE III
UN COEUR CONTRIT

 Bien que personne, sur l'estrade, ne semblât diriger le culte, il régnait une entente et un ordre parfaits. Certains étaient à genoux, la plupart assis ; des larmes coulaient, tandis que des exclamations de joie et des cris de victoire ponctuaient les témoignages individuels. Tout était en accord avec la bénédiction puissante, le « nuage de gloire » dont nous sentions la présence. Les paroles jaillissaient spontanément. Et bien qu'il n'y eût aucune organisation, aucun programme suivi, tout se fondait dans la même harmonie. Ce qui frappait surtout, c'était les larmes qui coulaient de toutes parts, larmes de gratitude, de repentance ou de joie.
Ce qu'il y a de plus beau et de plus caractéristique dans un réveil, c'est la rupture, la fonte des coeurs, l'humilité, la contrition, les foules brisées en la présence de Dieu.

Libéré des formes.
Ici je voudrais m'éloigner un instant de mon sujet, afin de faire face à la critique. Il existe une forme de désordre apparent qui plaît à Dieu, car ce n'est pas véritablement du désordre ; ce n'en a que l'apparence, pour ceux qui ne connaissent pas la vie de l'Esprit. En effet, rien ne paraît plus ordonné qu'un cimetière, le séjour de la mort !
Les diverses manières dont l'Esprit de Dieu tomba sur son peuple lors des grands réveils du passé ont toujours constitué une pierre d'achoppement pour le ritualisme stéréotypé des églises et des groupements religieux établis. C'est un fait que chaque mouvement chrétien d'avant-garde fut marqué d'un tel enthousiasme et d'une telle ébullition — tout étant si complètement nouveau et bouleversant — que cela a toujours provoqué les critiques et les condamnations les plus violentes. Trop souvent, le rafraîchissement apporté par le réveil est méprisé et couvert d'opprobre par les organismes religieux « décents » et bien-pensants. Les méthodistes, les baptistes, les salutistes, tous ont paru bizarres au début. Chaque visitation de Dieu fut caractérisée par cette touche de sincérité, de joie débordante, de courage indomptable et de hardiesse spirituelle qui renversèrent l'édifice du cérémonialisme.

Le caractère inattendu, spontané, miraculeux des manifestations de l'Esprit de Dieu captive et retient l'attention des masses. Au lieu de retarder le réveil, il lui sert de propagande. Il est mort le christianisme qui dégénère en une simple acceptation mentale de l'Évangile, qui a perdu l'émotion profonde des choses divines et la passion pour les choses de l'Esprit. La vie ne peut pas être standardisée.
Quand l'Esprit de Dieu occupe la première place dans un culte, l'adoration est toujours inspirée ; tout est frais et spontané. Avec Dieu rien n'est racorni ou desséché. La manne céleste était toujours fraîche !
O la monotonie et la mort des formes religieuses copiées, héritées ! Combien d'églises sont maudites à cause d'elles !

Le message était exactement pour moi.
Mais revenons à notre histoire. Il y avait là quelque chose de nouveau et qui ne faisait que commencer ; quelque chose que seul un coeur humble pouvait accepter et rechercher. Mme Cantell était une amie de mon père. Elle avait depuis longtemps pris position quant à la guérison divine et sa maison était le rendez-vous de nombre de personnes qui avaient éprouvé Jésus-Christ comme le grand Médecin. Cela coûte souvent très cher pour un chrétien de marcher dans la lumière. On s'expose ainsi à l'Incompréhension, à l'ostracisme. Seuls ceux qui sont prêts à porter l'opprobre peuvent avancer avec Dieu.
Ce réveil n'avait aucun nom spécial. Dans ce temps-là, il n'était ni établi ni organisé. Il avait surgi spontanément en différentes parties des États-Unis, puis avait passé en Angleterre. Un peu partout des chrétiens avaient expérimenté ce qu'ils appelaient la « bénédiction de Pentecôte ». La première femme qui la reçut à Londres fut Mme Catherine Price (
1). Mon père avait fait sa connaissance lorsqu'il était revenu malade de Paris et c'est ainsi qu'il entra en contact avec le mouvement. Le feu s'étendait rapidement. Dieu déversait son Esprit sur le pays et beaucoup étaient dans l'attente et la joie.
J'écoutais le prédicateur, un pasteur baptiste. Son visage resplendissait de la gloire de Dieu. En un langage simple, il nous expliqua comment Dieu l'avait convaincu qu'il s'agissait bien là de Son Esprit, Il raconta comment il avait fait cette expérience quelques jours auparavant ; puis il nous exhorta à la foi et à la repentance de tout péché connu. Chacune de ses paroles me perçait le coeur et la conviction du péché me tenaillait. Je ne voyais qu'une chose : combien j'avais attristé mon précieux Sauveur. Aucune douleur n'est aussi aiguë que celle d'une conscience troublée. O, la détresse éprouvée pendant ces instants ! Je m'étais rendu coupable de haute trahison envers la cause de Christ. Tout ce qui se passait là me condamnait. L'épée à deux tranchants de la Parole de Dieu me révélait les pensées secrètes et les intentions de mon coeur rebelle. Combien elle était véritable en moi la conviction de David : « Tu veux que la vérité soit au fond du coeur. Fais donc pénétrer ta sagesse au dedans de moi. » (
Ps. 51/8.)

Les seules choses qui demeurent.
Je ne pouvais supporter davantage la lumière qui me fouillait. Plus moyen d'échapper : il fallait accepter l'invitation. Tel l'enfant prodigue, j'étais contraint de retourner vers mon Père. Un instant j'eus l'idée de résister, mais là je reconnus la voix de Satan et m'en détournai. Et je n'en fus que plus prompt à me décider. C'est ainsi que je me levai et me rendis tant bien que mal jusque vers l'estrade ; je trouvai une chaise devant laquelle je m'agenouillai. Puis, oubliant ce qui m'entourait, je me mis à pleurer et pleurer encore.
Dans la vie, les souvenirs les plus lumineux et les plus marquants sont ceux qui se rattachent des événements provoqués directement par Dieu ; leur caractère inoubliable et leur parfum proviennent de ce que l'Esprit de Dieu les a pénétrés. Comment ne pas me rappeler tout ce que Jésus avait été et avait fait pour moi ? Il était resté fidèle. Il ne m'avait jamais abandonné. Mais moi, combien j'avais honteusement désobéi à Sa douce Voix ! Le souvenir de mon bonheur, durant les jours vécus avec Lui, se présentait à moi : mon « Bien-Aimé » avait marché avec moi et m'avait parlé au milieu de la solitude et des souffrances infligées par mes camarades d'école. Il m'avait soutenu tandis que je prêchais dans le dortoir. Il avait rempli, mon coeur de joie quand on m'avait pris mes livres pour m'empêcher de préparer mes leçons ; cependant, en temps ordinaire, cette aventure m'eût rempli de terreur. J'annonçais l'Évangile, je priais avec larmes pour la conversion de mes camarades, malgré les coups et l'interdiction des maîtres. Mais la persécution avait été transformée pour moi en ciel sur la terre. Et maintenant, je me sentais accusé par le souvenir de chacune de ces bénédictions, de chacune de ces délivrances ! Je sanglotais, les fondements de mon être étaient ébranlés. J'avais renié mon Meilleur Ami, Celui qui m'avait soutenu comme une mère ! Je voyais mon égoïsme abject et j'avais horreur de moi-même.
Je pleurai, agenouillé devant cette chaise de 10 heures du soir à 1 heure du matin environ. Mon père vint s'asseoir près de moi et s'efforça de calmer mes gémissements. J'avais complètement oublié mon entourage et me lamentais à haute voix sur mon état de péché et mon abandon de Dieu. Je ne voulais pas être consolé. Je mis mes bras autour de mon père et continuai à sangloter. Je disais : « Laisse-moi pleurer ! », car je réalisais que mon témoignage était mort et le sentiment de ma culpabilité pesait lourdement sur mon esprit. Je savais que Jésus-Christ seul pouvait apporter la paix à mon coeur désespéré, me rendre la joie du salut et renouveler en moi un esprit bien disposé.

Le secret de la repentance chrétienne.
Je vais vous dire comment je fus conduit à la victoire. Mon ciel semblait rempli de nuages noirs, chacun d'eux représentant un péché. Tandis que je les nommais et les confessais, ils disparaissaient pour être aussitôt remplacés par d'autres. Je les appelais tous par leur nom : mes désobéissances, mes retours au monde, mes convoitises, mes mauvaises pensées et tout ce qu'avait enfanté mon imagination, mon égoïsme, ma paresse, les mesquineries, les querelles, mes tromperies, mes mensonges, mon orgueil, etc. Je les énumérais sans crainte et sans honte. Mais les nuages étaient toujours là. Alors je pensai à mon manque d'amour, de prière et je compris que mes « manques » étaient des péchés encore plus graves que les autres. Qui pouvait dire pour combien de créatures j'avais été une pierre d'achoppement, quel était le nombre de ceux que j'avais mal influencés par mon infidélité ? Cette pensée acheva de m'anéantir. La main de Dieu pesait lourdement sur moi.
Ce n'est que sous cette pression divine que nous pouvons réaliser la pleine mesure de notre iniquité et voir l'immensité de notre péché. Il existe une « tristesse selon Dieu » capable de briser en nous jusqu'au moindre vestige de résistance. Cette repentance radicale nous abaisse aussi radicalement et, dans ces conditions, Dieu peut guérir et restaurer l'âme sur-le-champ. Pour cela, il faut aussi que le chrétien confesse toutes les fautes dont il est conscient. Il ne peut pas s'approcher de Dieu comme les pécheurs et les êtres irrégénérés, car ces derniers n'ont jamais, connu la lumière, tandis que l'enfant de Dieu rétrograde a péché contre elle. Il est responsable de ses transgressions délibérées et répétés, commises en présence de la lumière et, malgré elle.
C'est la raison pour laquelle, si souvent, la repentance des chrétiens demeure superficielle. Et beaucoup de ceux qui voudraient être rétablis dans la communion avec Dieu sont déçus. Cela vient de ce qu'ils n'ont pas répandu tout leur coeur devant Dieu. C'est encore pourquoi beaucoup de ceux qui recherchent le baptême du Saint-Esprit ne le reçoivent pas, car ils n'ont pas touché le fond de la repentance, ils n'ont pas réalisé la totalité de leur iniquité.
Le secret de la repentance chrétienne est de confesser chaque péché individuellement, autant les omissions, si nombreuses, que les actes répréhensibles.

« Il est la propitiation pour nos péchés. »
Rien n'est plus terrible que l'indifférence d'un chrétien vis-à-vis de son Sauveur. C'est la porte ouverte à la tiédeur, au manque de prière, à l'insuffisance du sens des responsabilités.
Et peu à peu, au milieu du tourbillon de la vie courante, la vie spirituelle s'étiole et meurt. Au lieu d'une religion du coeur apparaît l'effort pour prolonger une profession de foi extérieure. Nos instincts divins sont endormis et nous perdons la conscience et la joie du salut. Si les compromis d'une vie mêlée de plaisirs et de satisfactions mondaines viennent s'y ajouter, notre religion n'est plus qu'une chose vacillante, pénible et méprisable. Impossible de se retrouver en ordre avec Dieu jusqu'à ce que tout cela soit reconnu et confessé.
Mon père avait posé sa main sur mon épaule et priait avec moi. Finalement, il demanda à Dieu de me donner la consolation du pardon divin. Il cita ces paroles de
I Jean 1 /9 : « Si nous confessons nos péchés, Il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. »

Je réalisais enfin que Dieu m'entendait. Et maintenant, la conscience qu'IL ME PARDONNAIT passait, merveilleusement douce, comme un souffle même de Dieu, sur mon âme repentante. La pensée qu'Il pouvait et voulait me reprendre à Lui, malgré tout ce que j'avais fait pour L'attrister et Le renier, fit à nouveau couler mes pleurs.
Il devait être plus d'une heure du matin lorsqu'enfin je me relevai. Je vois encore la flaque de mes larmes sur le siège de cette chaise. J'avais retrouvé la « PAIX QUI SURPASSE TOUTE INTELLIGENCE ». Ma joie divine était telle que je ne désirais parler à personne, bien que plusieurs m'adressassent des paroles d'encouragement. Nous sortîmes avec quelques-uns dans la nuit silencieuse. Cette nuit-là, je pus à peine dormir. Une seule pensée remplissait tout mon être : « Jésus m'a pardonné ». J'étais débordant de cette allégresse que Christ seul peut donner à ceux qui s'abandonnent entièrement à Lui. Les anciennes sources avaient été rouvertes et envahissaient mon être d'un repos et d'une joie indescriptibles.

CHAPITRE IV
LA PROMESSE DU PÈRE

Vous êtes-vous jamais réveillé le matin avec vos pensées et votre esprit centrés en Christ ? Eh bien, c'était Jésus et Jésus seul qui remplissait mon coeur ce matin-là. Mon père entra dans ma chambre et me dit de me dépêcher car nous devions prendre un train de bonne heure ; nous nous rendions à Plumstead, chez un M. Bristow, où il y avait aussi des réunions. Nous nous embrassâmes et je me mis presque à danser ; j'étais si heureux, si léger que j'aurais pu m'envoler. La gloire de Dieu brûlait en moi. Au petit déjeuner, je mangeai à peine et cependant il me semblait être à un banquet.

Retour de la faim et de la soif spirituelles.
Nous devions être cinq ou six à voyager ensemble ce jour-là. Une fois installés dans le train, nous éclatâmes en chants de louange, sans nous occuper des autres voyageurs. Je sortis ma Bible, l'ouvris au livre des Psaumes et commençai à lire avec avidité. Comme les paroles brillaient ! L'une après l'autre, les promesses semblaient choisies pour le moment que je vivais. Je me rendis compte tout à coup que la faim et la soif de la Parole de Dieu m'étaient revenues. J'avais retrouvé ce même appétit insatiable que j'avais connu après ma conversion. Je ne pouvais plus retenir des larmes de joie et elles continuèrent à tomber sur ma Bible ouverte pendant le reste du voyage.
C'était pour moi une preuve certaine que mon coeur avait été renouvelé et avait retrouvé son ancienne adoration. Des vagues de louanges surgissaient en moi ; je poussais des cris de joie ; je dévorais la seule nourriture de l'âme rachetée ; la Parole inspirée de Dieu.
Quand nous sommes soumis au Saint-Esprit, notre vie chrétienne se trouve en grande partie dirigée par un instinct divin. Nous n'avons pas besoin de nous forcer à accomplir certaines choses — cela vient naturellement. Il n'y a ni contrainte, ni pression artificielle.
Au culte du matin, il y avait une cinquantaine de personnes. Tout était simple, mais rempli de chaleur et de zèle. L'orateur, le missionnaire Charles Léonard, venait des États-Unis et se rendait en Égypte pour y accomplir son travail. Il nous raconta comment Dieu agissait en Amérique ; il croyait qu'un des plus grands réveils des derniers temps avait éclaté et que Dieu envoyait à nouveau son Esprit comme Il l'avait fait à la Pentecôte et à l'époque de l'Église primitive. Bien des choses que j'entendais étaient nouvelles pour moi, mais mon coeur était grand ouvert ; j'étais possédé du besoin irrésistible d'être rempli de l'Esprit jusqu'à déborder et revêtu de la puissance à laquelle M. Léonard rendait témoignage(
2). Puis nous prîmes la Sainte Cène.

Mon ami le rouquin.
J'avais remarqué dans l'assistance un garçon aux cheveux rouges, à peu près de mon âge, dont je m'approchai aussitôt. Nous devînmes amis. J'ai depuis longtemps oublié son nom, mais, s'il est quelqu'un que je me réjouis de retrouver au ciel, c'est bien ce rouquin-là. Dieu se servit de lui pour m'indiquer le chemin d'une manière encore plus claire. Et, à l'heure qu'il est, je reste émerveillé de la sagesse qui inspirait les conseils et la foi toute simple de ce jeune garçon.
Il y avait un petit parc en face de chez M. Bristow et mon nouvel ami proposa que nous nous y rendions après déjeuner. Nous nous assîmes sur un banc et je lui demandai s'il avait reçu le baptême du Saint-Esprit. Son visage s'éclaira tandis qu'il me répondait affirmativement. Il répétait sans cesse « C'est merveilleux ! » Il éclatait de rire de joie. Ses lèvres frémissaient ; par moments, il fermait les yeux et semblait perdu dans l'adoration. Je l'aimais et lui posais force questions. Sa réponse était toujours la même : « Attends de l'avoir reçu. »
Il avait sa Bible avec lui et il me lut plusieurs textes, entrecoupant sa lecture de nombreux « Alléluia ! » et « Gloire à Dieu ! ». Il adaptait chaque passage à mes besoins. Quels moments bénis nous avons vécus sur ce banc! La vue de sa Bible abondamment soulignée fit surgir en moi de violents remords et de nouveau je pleurai ; c'était comme au temps où j'avais moi-même rempli la mienne de marques diverses et d'annotations ; j'avais aussi inventé un système marginal me permettant de situer n'importe quel récit. Dans la sienne, certains passages étaient soulignés en bleu, d'autres en rouge en vert, en violet, etc.

Précieuses promesses.
Le bleu, me disait-il, rappelle ce qui concerne le Saint-Esprit, par exemple la prophétie de Joël :
« Et il arrivera après ces choses que je répandrai mon Esprit sur toute chair : vos fils et vos filles prophétiseront : vos vieillards auront des songes et vos jeunes gens des visions. Et même sur les serviteurs et sur les servantes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit. »
Joël 2 /28-29.

Et voici le même passage dans les Actes, où l'apôtre Pierre en constate la réalisation le jour de la Pentecôte ; il dit dans son discours que ce don est aussi pour nous :
« Car la promesse est pour vous et pour vos enfants et pour tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera. »
Actes 2/39.

Cette dernière phrase nous concerne, me dit mon ami. Et maintenant regarde ici. Et il montra un grand trait bleu dans la marge de Jean 14 :
« Et je prierai mon Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu'Il demeure éternellement avec vous ; savoir, l'Esprit de
vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous le connaissez, parce qu'Il demeure avec vous et qu'Il sera en vous. Je ne vous laisserai point orphelins, je viendrai à vous. »
Jean 14/16-18.

Et au verset
26, Jésus dit :
« Mais le Consolateur, qui est le Saint-Esprit que le Père enverra
en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous remettra en mémoire toutes les paroles que je vous ai dites, »
« Oui, fis-je, je connais ces passages. » — « Je veux t'en montrer encore d'autres », me dit-il avec sa charmante simplicité. Il connaissait suffisamment la Bible pour la laisser parler d'elle-même :
« Mais lorsque le Consolateur sera venu, lequel je vous enverrai de la part de mon Père, savoir l'Esprit de vérité, qui procède de mon Père, c'est lui qui rendra témoignage de moi. Toutefois je vous le dis en vérité, il est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra point à vous et si je m'en vais, je vous l'enverrai. »
Jean 15/27 ; 16/7.

« Et quand Jésus fut ressuscité des morts il rappela à ses disciples les promesses qu'il leur avait faites. Regarde :
« Et les ayant assemblés, il leur commanda de ne point partir de Jérusalem, mais d'y attendre la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez ouïe de moi. »

Actes 1/4.
« N'es-tu pas un enfant de Dieu ? » reprit mon compagnon. — « Oui ! » répondis-je. — « Alors c'est la promesse du Père pour toi. »
Mon coeur était plein de foi et je le crus. Nous lûmes encore beaucoup de passages dans les Évangiles et les Épîtres.

« Mon âme te sera fidèlement attachée. »
Puis il me parla de son expérience et m'expliqua comment, par la puissance de Dieu en moi, je me mettrais à parler une langue que je ne connaissais pas. Ensuite il pria et, pendant ce temps, mon coeur brûlait du désir d'être aussi ardent et consacré que lui. Nous fûmes inséparables jusqu'à l'heure de la réunion. Partout dans la maison, il y avait des gens qui priaient et tous étaient si heureux, si pleins d'attente et conscients que Dieu agissait parmi eux.
À la réunion du soir, M. Léonard prêcha de nouveau, mais je n'entendis guère ce qu'il disait. J'étais comme un captif qu'on vient de mettre en liberté, dont les chaînes sont tout à coup tombées, le laissant hésitant, émerveillé, pouvant à peine y croire ! O c'est une chose merveilleuse que d'être en règle avec le Père et d'avoir la certitude que plus rien ne vous sépare de Lui. Le soleil de l'amour de Dieu pouvait désormais m'envelopper librement ; il n'y avait plus d'entraves.
J'avais tellement de choses à dire au Seigneur Vous savez ce que l'on ressent lorsqu'on a été longtemps séparé d'un ami intime et bien-aimé ; on veut être SEUL AVEC LUI, et on en trouve le temps, afin de pouvoir lui parler à coeur ouvert. Impossible de contenir mes larmes ; c'étaient des larmes heureuses, des larmes bénies ; elles correspondaient à la source de joie qui s'ouvrait en moi. Je pouvais à peine attendre que le missionnaire Léonard eût fini de parler. Au moment où l'on annonça qu'on allait prier, je tombai à genoux et oubliai mon entourage, comme je m'oubliai moi-même. Mon esprit s'était pour ainsi dire enfermé avec Christ, se rapprochant toujours plus de Lui, tandis que j'ignorais ce qui se passait autour de moi, Je multipliai les « Alléluia » et déversai l'adoration de tout mon être aux pieds de mon Rédempteur. Une telle exubérance de louange naît tout naturellement d'un « esprit contrit et brisé », débordant de reconnaissance comme l'était le mien ce soir-là. Mon coeur était fixé sur jésus qui avait ouvert mes lèvres et ma bouche se répandait en louanges. Plus je criais de joie, plus je voulais crier ; la fièvre de mon exaltation était telle que je ne pouvais m'arrêter. J'étais si absorbé à offrir le sacrifice de mes lèvres, à adresser des voeux et des prières à mon Sauveur que je ne réalisais pas le bruit que je faisais.

Dieu habite parmi les louanges d'Israël.
Il en est tant qui n'avancent pas avec Dieu, parce que leur foi est inactive. Les promesses SONT LA, mais les hommes ne font pas un geste pour s'en emparer
. Et ce n'est rien moins qu'un crime que de rester dans la passivité au lieu de s'approprier le meilleur de ce que Dieu tient en réserve pour nous, afin que nous puissions faire face aux besoins immenses du monde et pratiquer un christianisme agressif et victorieux. Beaucoup ont peur de se montrer osés et extravagants dans la louange. Un regard autour de nous nous convaincra de la manière mesquine et parcimonieuse dont les chrétiens louent leur Dieu. Ce ne sont pas des « cris de louange », mais une louange faible, ô si faible, mécanique et à demi convaincue. Les disciples n'étaient ni tristes ni déprimés tandis qu'ils attendaient la Promesse du Père dans le temple. Au contraire, nous lisons dans
Luc 24/52-53 :
« Et eux, l'ayant adoré, s'en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie ; et ils étaient toujours dans le temple, louant et bénissant Dieu »
L'Écriture dit :
« Celui qui offre pour sacrifice la Louange me glorifie. » (
Ps. 50/23.)
Elle nous commande aussi de « rendre sa louange glorieuse ». (
Ps. 66/2.)
David proclame : « J'ajouterai encore à toutes tes louanges. » (
Ps. 71/14.)
La seule énumération des différents titres donnés à Christ dans la Bible suffirait à nous occuper pendant longtemps, car il y en a plus de 680. Le chemin de la victoire est pavé par les louanges de Dieu sortant de nos lèvres. Si ce fut mon cas, ce sera aussi le vôtre !


SUITE...



12/09/2008
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